Homélie du 30ème dimanche du Temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 18 octobre 2021Journée Mondiale des Missions
Confiance, Jésus t’appelle
“Poussez des cris de joie pour Jacob ! Acclamez la première des nations. Faites retentir sa louange…” On aurait pu imaginer que ces paroles du prophète Jérémie sont adressées à un peuple rayonnant de joie. En fait, il n’en est rien. Jérémie se trouve devant des gens qui ont tout perdu ; ils ont été déportés en terre étrangère. Or c’est à ce moment-là que le prophète s’adresse à eux pour raviver leur espérance. Il leur annonce que Dieu n’abandonne jamais son peuple ; il n’a jamais cessé de les aimer malgré leurs péchés ; un jour, il les délivrera ; il les ramènera vers leur terre. Ce sera un jour de grande joie.
La lettre aux Hébreux (2ème lecture) nous annonce que ce changement s’est opéré bien au-delà de toutes nos espérances. Elle nous parle du grand prêtre pris parmi les hommes qui intercède en leur faveur. À plus forte raison, Jésus nous est présenté comme médiateur entre Dieu et les hommes. Il les a libérés de leurs péchés pour leur permettre d’aller à Dieu. Appartenant au monde de Dieu et à celui des hommes, il les met en communion. C’est ainsi qu’il réalise à la perfection les conditions du vrai sacerdoce. Jésus a été choisi par le Père pour offrir une fois pour toutes le sacrifice de sa vie. Par sa mort et sa résurrection, il nous a ouvert le monde éternel.
Avec l’Évangile, c’est la promesse de Jérémie qui se réalise : cela se passe à Jéricho, la ville la plus basse du monde (400 mètres au-dessous du niveau de la mer. Cette ville représente le monde du péché, éloigné de Dieu. Jésus entre dans cette ville et en sort aussitôt. Il vient dans ce monde du péché pour nous en sortir. C’est une manière de dire qu’il peut venir nous chercher très loin et très bas.
Et c’est la rencontre avec l’aveugle Bartimée. Sa situation l’a marginalisé par rapport à la société. Il n’a rien et n’est rien. Il ne vit que des piécettes que les gens veulent bien lui donner sans prendre le temps de poser leur regard sur lui. Et quand il appelle Jésus, les gens veulent le faire taire : “Tais-toi, nous accueillons un personnage important… Ne viens pas nous déranger”. Mais il insiste de plus belle car il entendu parler de Jésus qui guérit les blessés.
Nous sommes parfois comme cette foule qui ne veut pas être dérangée. C’est ce qui se passe quand nous ne voulons pas entendre le cri des pauvres, la détresse des exilés, la souffrance des malades, la révolte de ceux et celles qui se sentent trahis. Ces dernières semaines, on nous a parlé des enfants victimes d’abus. N’oublions pas ceux qui sont harcelés, ceux qui sont réduits à l’état d’esclave. Comme cette foule, nous avons la tentation de faire la sourde oreille car nous nous sentons désarmés devant les blessures et les injustices de notre temps.
Et pourtant, Jésus nous demande de convier tous les blessés de notre temps. Aujourd’hui comme autrefois, il nous demande de les appeler. Il veut leur permettre de rencontrer la chaleur et la lumière du visage divin. Nous ne sommes pas le Sauveur, mais nous pouvons permettre la rencontre de Celui qui est la source de toute paix et de toute joie.
La médiation que Jésus nous confie, c’est d’être les témoins authentiques de l’espérance qui nous habite. Comme Jérémie en son temps, nous sommes envoyés pour être les messagers de cette espérance. Nous devons résister au danger de sombrer dans les lamentations, le pessimisme, la critique négative. Nous sommes appelés à une grande vigilance dans nos conversations et nos écrits. L’Évangile de la fête de tous les saints nous rappellera le bonheur des artisans de paix et ceux qui rayonnent la joie autour d’eux. Ne nous laissons pas aveugler par les médias qui ne pensent qu’à déverser des mauvaises nouvelles.
Le Seigneur est là pour nous guérir de nos aveuglements, pour nous ouvrir à l’amour de Dieu et à celui de tous nos frères. Laissons Bartimée nous apprendre à avoir cette confiance inébranlable en Jésus. Des gens chercheront peut-être à nous en dissuader. Les mêmes pourront nous y encourager plus tard. La confiance est un combat de tous les jours, parfois dans l’obscurité de la foi. Mais grâce au fils de Timée, nous savons que la nuit n’a pas le dernier mot. C’est de cette espérance que nous avons à témoigner tout au long de notre vie auprès de tous ceux et celles qui nous entourent.
Nous voulons être du Christ ? Nous voulons marcher avec lui. Commençons dès aujourd’hui. Arrêtons-nous chaque fois que nous rencontrons un homme, une femme ou un enfant qui crie sa peine. Prenons le temps d’écouter et de regarder. Nous ne pourrons peut-être faire grand-chose sur le moment. Mais si tous les disciples de Jésus prennent ainsi le temps de s’arrêter, s’ils préfèrent la rencontre personnelle des frères à toutes les grandes idéologies, ils changeront le monde. Demandons au Seigneur qu’il nous guide sur ce chemin de conversion.
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Sources : Revue Feu Nouveau – Fiches dominicales – Commentaires de Marie-Noëlle Thabut et de Claire Patier…
« Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! » (Mc 10:47) C’est le cri de détresse d’un mendiant aveugle, à l’écart de la circulation, sur le chemin de Jéricho. La supplication de Bartimée dévoile toute sa misère et sa solitude… Car autour de lui, ce n’est que l’indifférence et même une méchanceté manifeste ! On lui dit de se taire… Mais malgré l’hostilité de la foule à son égard, l’énergie du désespoir le poussait à crier de plus belle : « Fils de David, prends pitié de moi ! » Bartimée supplie Jésus de lui accorder la vue. Pris de compassion devant la force de la foi de l’aveugle, Jésus l’a guéri : « Va, ta foi t’a sauvé ! » (Mc 10:52)
Être aveugle, c’est un grand malheur dans la vie. Mais on oublie que ce malheur frappe souvent l’âme et le cœur. Moins visible mais bien présent… Bartimée, c’est probablement nous ! C’est vrai que des fois nous nous découvrons aveugles ! Nous discernons mal ce qui se passe en nous et autour de nous. Nous ne parvenons plus à orienter notre vie comme nous le voudrions. Perdus ou désorientés, nous passons le plus clair de notre temps à tâtonner, sans trop savoir ce qui guide nos choix. Le malheur de Bartimée, c’est notre détresse sur le chemin de l’existence. Aveuglés, nous essayons de trouver des moyens et des idées pour nous sortir des épreuves. Dans le désarroi, nous ne voyons plus le bout du tunnel ! C’est le flou complet dans notre vie personnelle, familiale ou professionnelle. Un épais brouillard nous plonge dans l’obscurité. La confusion la plus totale ! Il nous arrive de dire : ‘Je ne sais plus où j’en suis… Je ne vois plus très clair !’ Une longue traversée du désert, dans la solitude ! Cette page d’Évangile révèle notre propre cécité.
L’aveuglement, c’est peut-être nous-mêmes dans notre propre isolement. Nous qui nous enfermons dans notre petit monde bien clos, incapable d’ouvrir nos volets et de jeter un regard vers les autres. Nous qui nous calfeutrons bien au chaud dans nos petits conforts, incapables de nous ouvrir à l’appel de ceux qui ont besoin de nous. Nous sommes aveuglés par l’égoïsme et par la suffisance de nous-mêmes. C’est encore nous qui nous barricadons derrière nos propres vérités, incapables d’écoute, d’accueil et de remise en cause. C’est cette cécité qui nous empêche de voir avec justesse tout ce qui se passe autour de nous ! Sur le chemin de l’existence, nous avons besoin d’une lumière qui nous guide. Nous avons besoin de savoir où nous allons. Nous avons besoin d’être éclairés. C’est encore notre propre enfermement qui nous isole. C’est notre entêtement qui nous mure la bonne voie. C’est notre cupidité qui nous fait courir derrière des rêves inaccessibles. Ce sont les futilités qui nous voilent les petits bonheurs de la vie. Oui, Bartimée, c’est sans doute nous à certains moments de la vie !
Dans nos recherches éperdues de lumières, n’hésitons pas à nous confier à Dieu. Comme Bartimée, demandons-Lui humblement : « Rabbouni, que je retrouve la vue ! » (Mc 10:51) Déposons notre fardeau devant Lui et accueillons la paix du cœur que Dieu nous donne. « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. » (Mt 11:28) nous dit Jésus. Aujourd’hui, l’Évangile nous rappelle que Jésus passe encore sur notre route. Il nous pose encore la même question : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (Mc 10:51) Alors, sans hésitation, comme Bartimée, demandons à Dieu d’ouvrir nos yeux, d’ouvrir la porte de notre cœur ! « Rabbouni, que je retrouve la vue ! »
Ouvre mes yeux, Seigneur. Apprends-moi à reconnaître ton action dans les événements de la vie, à te voir sur les visages des personnes autour de moi.
Ouvre mes mains, Seigneur. Apprends-moi à offrir sans compter. Donne-moi la joie de découvrir que je suis capable de rendre les autres heureux.
Ouvre mes lèvres, Seigneur. Apprends-moi à offrir un sourire sincère et généreux. Donne-moi la joie de découvrir que je suis capable d’éclairer chaque visage de ta lumière.
Ouvre ma bouche, Seigneur. Apprends-moi à offrir un vrai réconfort. Donne-moi la joie de découvrir que je suis capable de consoler un malheureux.
Ouvre mes oreilles, Seigneur. Apprends-moi à prêter une écoute attentive. Donne-moi la joie de découvrir que je suis capable d’être à l’écoute des attentes de mes proches.
Ouvre mon cœur, Seigneur. Apprends-moi à aimer, à me donner. Donne-moi la joie de découvrir que je suis capable de répandre la joie et le bonheur autour de moi.
Ce jour-là, sur la route de Jéricho, le miracle a complètement transformé Bartimée. Jésus est entré dans sa vie. La lumière de Dieu illumine désormais son chemin. « Aussitôt l’homme retrouva la vue, et il suivait Jésus sur le chemin. » (Mc 10:52) Quelle belle page d’Évangile ! Une rencontre qui a tout changé… Comme Bartimée, laissons la Lumière du Christ nous guérir de nos aveuglements. Demandons à Dieu de nous ouvrir les yeux !
Nguyễn Thế Cường Jacques
Un grand merci pour vos commentaires chaque semaine
De tout coeur avec vous pour l’évangélisation.
Nguyễn Thế Cường Jacques
Abbé Jean, j’apprécie beaucoup vos commentaires homélitiques. C’est très aidant. Merci! – seriez-vous assez bon d’ajouter le lien “Télécharger en pdf” comme vous le faisiez avant… ça nous rendrait un très grand service. Merci! Alain,
Pardonnez moi, j’avais oublié. Je suis un grand distrait !!!
Les textes liturgiques du jour nous exhortent à la confiance en Dieu car Jésus nous appelle. Poussez des cris de joie pour Jacob ! Acclamez la première des nations. Faites retentir sa louange…” sont les paroles du prophète Jérémie adressées à un peuple rayonnant de joie. En fait, il n’en est rien. Jérémie se trouve devant des gens qui ont tout perdu ; ils ont été déportés en terre étrangère pour raviver leur espérance. Il leur annonce que Dieu n’abandonne jamais son peuple ; il n’a jamais cessé de les aimer malgré leurs péchés ; un jour, il les délivrera ; il les ramènera vers leur terre. Ce sera un jour de grande joie. La lettre aux Hébreux, nous annonce que ce changement s’est opéré bien au-delà de toutes nos espérances. Elle nous parle du grand prêtre pris parmi les hommes qui intercède en leur faveur. À plus forte raison, Jésus est ce médiateur entre Dieu et les hommes qui libère du péché pour nous permettre d’aller à Dieu. Jésus a été choisi par le Père pour offrir une fois pour toutes le sacrifice de sa vie. Par sa mort et sa résurrection, il nous a ouvert le monde éternel. Avec l’Évangile, c’est la promesse de Jérémie qui se réalise : cela se passe à Jéricho, la ville la plus basse du monde. Cette ville représente le monde du péché, éloigné de Dieu. Jésus entre dans cette ville et en sort aussitôt. Il vient dans ce monde du péché pour nous en sortir. C’est une manière de dire qu’il peut venir nous chercher très loin et très bas. Comme Barthimee, Jésus veut nous permettre de rencontrer la chaleur et la lumière du visage divin. Cette médiation que Jésus nous confie, c’est d’être les témoins authentiques de l’espérance qui nous habite. Comme Jérémie, nous sommes envoyés pour être les messagers de cette espérance. Nous devons résister au danger de sombrer dans les lamentations, le pessimisme, la critique négative. Nous sommes appelés à une grande vigilance dans nos conversations et nos écrits. Ne nous laissons pas aveugler par les médias qui ne pensent qu’à déverser des mauvaises nouvelles. voulons nous être du Christ ? Que le Seigneur nous donne la grâce de la repentance, la conversion et la Sanctification.